Georges Clinton and the P-Funk All Stars

If anybody gets funked up, it's gonna be you !

George Clinton est une grande figure de la musique noire américaine. Après un début de carrière dans un milieu proche du rock psychédélique, il invente le groove, le rap et le funk (sans rire !)

La carrière de George Clinton débute en 1957. Il est alors contemporain de James Brown ou Sly Stone. Dans les années 70, il va développer le concept original du funk avec pour caractéristique un humour débridé, dans un univers de bandes dessinées et de science-fiction.

Le funk n'est pas seulement une musique, c'est toute une philosophie basée sur un positivisme clairvoyant. L'humour, les cingleries, les vêtements flashants, les paillettes et les cotillons font partie du décor. Et au milieu de cet univers qui pourrait paraitre rapidement surfait, on y retrouve la joie d'être ensemble et la célébration d'un bonheur commun.

Cette philosophie a profondément marqué la musique noire américaine, et par extension elle est devenue une marque de fabrique présente dans toutes les soirées, les émissions TV, et auprès de groupes de musiciens dont le style de musique, au départ, n'avait pourtant rien a voir avec le funk. De même des courants musicaux récents, comme la techno ou le rap, empruntent énormément au funk.

George Clinton regroupe a lui seul la quasi totalité des bases de cette musique et de cette philosophie. En quelques albums avec ses groupes Parliament et Funkadelic, il a ouvert une voie qui est toujours d'actualité plus de 25 ans plus tard !

Bien sur aujourd'hui les disques de Parliament - Funkadelic semblent un peu désuets et ont un coté kitch qui en est rigolo a lui tout seul. Mais ces deux groupes ont compris des musiciens énormes, véritables génies à eux seuls, et qui, au même niveau que les Beatles, ont considérablement apporté à la musique. Mais comme ils sont noirs, à l'époque on en parlait beaucoup moins que les Fab Four!!

D'ailleurs la plupart de ces musiciens se sont lancés dans des carrières solo (Bootsy Collins, Bernie Worrell, Maceo Parker...) et ont généré une telle nébuleuse que le concept même du funk a échappé à George Clinton.

Pendant pratiquement toutes les années 80, George Clinton est tombé en désuétude : pas de contrat avec une maison de disques, des impôts à payer, ses oeuvres samplées à outrance sans que ça lui rapporte le moindre centime (Clinton est l'artiste le plus samplé après James Brown)... C'est Prince qui va le sortir de l'impasse en le signant sur la label Paisley Park, en 1986.

Clinton va alors sortir deux disques sur le label du génie pourpre : "The Cinderella Theory" en 1989 et "Hey Man... Smell My Finger" en 1993. De quoi remettre le Dr Funkenstein sur les rails et lui permettre de sortir l'excellent "TAPOAFOM" en 1996 (chez Sony), accompagné d'un best of de remixes.

Un concert de George Clinton reprend bien évidemment l'esprit du funk déjà présent sur les disques. Les musiciens sont le plus souvent déguisés : soutanes, robes de mariée, costumes psychédéliques, voire une simple couche culotte !

La musique est totalement réarrangée... n'oublions pas que Clinton a inventé le groove : un morceau peut commencer avec n'importe quoi, puis partir sur tout à fait autre chose, comprendre des refrains d'autres morceaux, revenir au morceau de départ, etc... comme cela pendant plus de 20 minutes ! Les solos sont légion, d'autant que les musiciens se transposent sans problème de la guitare à la batterie, ou de la basse aux claviers!!

Le groupe semble continuellement improviser (même si ce n'est pas toujours vrai), et un nombre incroyable de titres (ou de parties de chansons) sont joués lors d'un concert. Les shows de P-Funk sont un vrai marathon : le minimum c'est trois heures de spectacle, et il est arrivé que l'on s'approche des six heures !!

Photo ci dessus : La tournée "Mothership" qui a eu lieu dans tous les Etats Unis en 1976 a obtenu un succès considérable. Le clou du spectacle était l'entrée en scène, où un immense vaiseau spatial attérissait sur scène. George descendait alors un escalier, et rejoignait ses musiciens, tous habillés avec des vêtements d'aliens ou de cosmonautes...

 

Discographie sélective

 

P-Funk All Stars live in Hollywood (Westbound, 1990) : un double CD présentant Clinton en concert. Ce show a été enregistré en 1983 (Prince était d'ailleurs présent dans la salle avec le guitariste de The Time, Jesse Johnson). On y trouve quelques bons titres, mais ce disque est néanmoins à déconseiller au néophyte car les versions sont un peu trop triturées... de plus le son a beaucoup vieillit.

 

The Best Of Parliament (Mercury, 1995) : Clinton sortait sous le nom de Parliament les titres les plus commerciaux, laissant le soin à Funkadelic de sortir des titres plus expérimentaux... Ce best of présente l'essentiel avec plusieurs morceaux anthologiques, comme " P-Funk (Wants To Get Funked Up) ", " Bop Gun ", " Tear The Roof Off The Sucker (Give Up The Funk) ", " Flashlight " ou " Mothership Connection (Starchild) ".

 

Greatest Funkin' Hits (Emi, 1996) : un autre best of, qui propose des versions remixées des plus grands hits de Clinton. Les invités sont nombreux, parmi lesquels Coolio, Ice Cube, Digital Underground... Les remixes sont de très bon goûts, et cette compilation complète sans trop de redondances le best of de Parliament. On y trouve notamment le fameux " Atomic Dog " (la version longue originale est en plus du remix), " Knee Deep ", " One Nation Under A Groove ", etc...

 

Family Series (part I, II, III) (Castle, 1993) : il s'agit de trois CD qui reprennent le meilleur des sous productions de Clinton, avec notamment Ron Ford, Traylewd, Jessica Cleaves... des morceaux de qualité inégale. Pour amateur averti de préférence ! Ces disques sont sortis sous de nombreux pressages et avec des pochettes différentes.

 

The Cinderella Theory (Paisley Park, 1989) : l'album du comeback, il n'est pas véritablement transcendant, encore loin du meilleur de Clinton malgré quelques bons titres comme " Why Should I Dog U Out ? ". Plusieurs participations, dont les membres du groupe rap Public Enemy.

 

Hey Man, Smell My Finger (Paisley Park, 1993) : le second album Paisley Park du maitre du funk est beaucoup plus inspiré que le premier. Clinton revient avec un groove au meilleur de sa forme, et beaucoup de très bonnes idées. On retiendra notamment l'excellent "Paint The White House Black", le très groovy "Martial Law", ainsi que "Hollywood" ou "Let's Get Satisfied". Les invités sont nombreux et parfois on a l'impression d'être au milieu d'une vraie fanfare !

 

The Awesome Power Of A Fully Operationnal Mothership (Epic, 1996) : le titre le dit lui-même, les P-Funk All Stars nous présentent un déluge de très bons titres à l'essence même du funk et du groove. On retiendra notamment "Summer Swim", "If Anybody Gets Funked Up (It's Gonna Be You)", "Mathematics", "Knock It Down", "Hard As Steal"...

 

Live... And Kickin' (1998) : un nouveau double album live qui reprend tous les classiques du P-Funk lors d'une tournée enregistrée tout au long de l'année 97. On y trouve d'excellentes prestations live, mais ce disque est très copieux et peux refouler les amateurs moyens. Quelques nouveaux titres studios sont également présents.