La sortie de l'album "Come" chez Warner intervient quelques jours à peine après celle de la compilation "1-800-NEW-FUNK" éditée chez NPG Records. Nous sommes en pleine guerre entre la compagnie major et le label indépendant.

"Come" est le premier réel album de Prince depuis la compilation "The Hits / The B-Sides" et depuis le succès de "The Most Beautiful Girl In The World". Beaucoup ont cru d'ailleurs pouvoir retrouver ce single sur cet album.

En réalité, les titres qui composent "Come" ont été enregistrés au début de l'année 1993 et de ce fait ils sont considérés comme des titres appartenant à "Prince" puisque antérieurs au 7 juin 1993 (date du changement de nom). Pour remplir le contrat discographique signé en 1992, Prince délivra l'album "Come" après une série de modifications (la configuration originale de l'album est en effet sensiblement différente, intégrant notamment le titre "Endorphinmachine" que l'on retrouve plus tard sur "The Gold Experience"). L'album est édité en août 1994, et sort sous le nom de Prince avec la sombre épitaphe "1958-1993" sur la pochette... Le grand public n'y comprend plus rien et cela nuit fortement à la réputation de cet album.

Pour le public, "Come" n'est qu'un assemblage de chutes de studios destiné à remplir les obligations contractuelles que Prince avait encore avec la Warner à l'époque. Il a donc bénéficié d'une très mauvaise presse, d'autant que l'Artiste ne faisait rien pour le promouvoir: un seul single pour l'Europe, pas de vidéo clip, pas de pub...

La plupart des titres de cet album composaient la musique du spectacle "Glam Slam Ulysses", qui fut donné début 94 à Los Angeles pendant une quinzaine de jours. Ces morceaux étaient initialement destinés uniquement à ce spectacle, et ne devaient jamais voir le jour sur disque. Seul "Letitgo" est un morceau qui a été enregistré plus récemment, et spécifiquement pour l'album.

Malgré ce contexte très peu favorable, "Come" est loin d'être un album inintéressant. Le disque est bourré d'expérimentations novatrices, notamment d'un usage des samples complètement délirant et inédit! Les rythmes sont forts, et certains titres recèlent de dizaines de petits effets en fond sonores, à peine perfectibles ("Pheromone"). Inspiré et ambitieux, moins grassouillet que "Symbol" et plus dansant que "Diamonds And Pearls", cet album possède son lot d'amateurs dans la communauté des fans de Prince.

Le morceau titre est une longue suite de 11 minutes, ou les cuivres et les vocaux sont à l'honneur, bien que d'autres versions plus dansantes furent proposées en vidéo (notamment dans l'émission TV "The Beautiful Experience"). Les paroles sont provocatrices, presque pornographiques. On a aussi droit à un morceau techno-rock explosif, "Loose", à un titre sombre sur les enfants maltraités ("Papa"), un autre contre le racisme (le très groovy "Race"), un très beau titre new-age à la harpe et aux vocaux sidérants ("Solo") et une des plus belles ballades jamais écrites par Prince ("Dark"). Moins impressionnants mais tout de même honnêtes sont "Space" et "Letitgo", le seul titre qui aurait pu être écarté est "Orgasm" dont le contenu se laisse deviner.

Du fait de l'absence de promotion, les ventes furent faibles: 350 000 exemplaires furent écoulés aux Etats-Unis, et environ 850 000 pour le reste du monde.

Le single "Letitgo" porte, comme l'album, la mention "1958-1993" sous le nom Prince...