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Peu d'artistes ont créé une oeuvre aussi riche
et variée que Prince. Durant les années 1980, il
émergea comme l'un des talents les plus singuliers et les
plus créatifs de l'ère du rock'n'roll.
Capable de mélanger facilement des styles aussi variés
que la pop, le funk, le jazz et le rock, il n'a pas seulement
édité toute une série d'albums à grand
succès; il a aussi donné des concerts mémorables,
produit un grand nombre d'artistes, écrit plusieurs centaines
de chansons, et par ses choix artistiques a régulièrement
provoqué des séismes dans l'industrie du disque.
Avec chaque album, Prince a démontré sa remarquable
maîtrise stylistique et sa diversité musicale, en
expérimentant constamment de nouvelles directions, et de
nouveaux sons. Si parfois son œuvre est inconsistante, c'est
le plus souvent du fait d'un éclectisme exacerbé.
Dans tous les cas, il n'existe pas d'autre artiste contemporain
qui ait conjugué autant de talents avec autant de succès
au cours d'une carrière de plus de trente ans.
Il est peut être ainsi le dernier grand créateur,
dernier d'une lignée d'artistes illustres, tant Blancs
que Noirs, qui a considérablement changé le paysage
musical contemporain. Il est devenu la synthèse ultime
entre le funk, le rock et la pop, a une époque ou la musique
était encore très largement compartimentée.
On retrouve chez lui des références à James
Brown, Billie Holiday, George Clinton, Larry Graham, Jimi Hendrix,
Frank Zappa, Carlos Santana, Led Zeppelin, les Rolling Stones
et les Beatles! Rien que ça...
Prince est incontestablement un cas à part dans l'histoire
de la musique, et de l'industrie du disque en particulier. Je
vous propose de découvrir The Artist sous toutes ses facettes,
avec toujours une information objective... ;-)
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questions fréquentes (FAQ)
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express
Musicien
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Prince est un musicien hors pair. Depuis l'age de 12 ans environ,
il maîtrise plus d'une trentaine d'instruments de musique
: batterie, percussions, guitares, basse, claviers, piano, etc...
il sait jouer de tout, à part les instruments à
vent (saxo, trompette, etc...) et certains instruments à
corde (violon...). Réfugié dans la cave de la maison
de son copain de lycée Andre "Cymone" Anderson,
il a appris à l'oreille le maniement de ces différents
instruments.
Prince enregistre entièrement seul la plupart de ses albums,
prenant tour à tour les différents instruments.
Il ajoute successivement la batterie (ou la boite à rythmes),
la basse, le piano, les guitares, les claviers, les choeurs, et
il termine par la voix. En commençant une chanson, il a
déjà en tête la totalité du morceau
et comment doivent 'sonner' chacun des instruments.
La seule personne présente dans le studio à part
Prince (et des musiciens invités à l'occasion) est
l'ingénieur du son. Ce dernier prépare les bandes
et se retire lorsque Prince souhaite enregistrer les voix. Il
n'est pas rare que Prince enregistre couché sur un lit
ou bien à même le sol! Prince procède ensuite
lui même au mix final derrière la console.
Prince est un véritable bourreau de travail : il va extrèmement
vite car il n'a pas besoin de convoquer des musiciens pour enregistrer!
Propriétaire des studios Paisley Park, il enregistre quand
bon lui semble et sans aucune limite, même au beau milieu
de la nuit. De nombreux collaborateurs attestent que Prince ne
quitte pas le studio tant qu'il n'a pas terminé le morceau
en cours, et certaines de ses compositions ont nécessité
plus de 48h!
Du coup sa productivité est exceptionnelle et dans l'immense
coffre fort du Paisley Park dorment plus d'un millier de titres
inédits, soit à 15 titres par CD l'équivalent
de près de... 70 albums d'avance!!
Beaucoup d'idées de chansons proviennent aussi des répétitions
et des jams donnés avec ses différents groupes.
Il n'est pas rare qu'un simple riff de guitare ou de synthé
joué en répétition soit devenu une chanson
complète le lendemain matin, enregistrée et mixée
durant la nuit!
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Compositeur et arrangeur
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En plus d'être un musicien virtuose, Prince a une culture
musicale étonnante : il connait aussi bien le rock que
le jazz, le funk que la soul, le rythm'n'blues que le rap... Au
fil de ses albums on découvre qu'il a écrit des
morceaux dans pratiquement tous les styles de musique.
Il a même créé un courant musical original
: le Minneapolis Sound. Cette tendance musicale fut en fait la
dernière grande tendance régionale américaine
dans les années 80. Jusqu'a la fin des années 70
en effet, chaque grande ville des USA avait un "son"
spécifique (le son de Philadelphie, le son de Detroit,
etc). Minneapolis n'avait jusque là jamais apporté
d'élément particulier à la musique américaine,
même si Bob Dylan est également originaire de cette
ville.
Le Minneapolis Sound est la fusion parfaite entre le rock, le
funk et la soul. Prince est l'héritier direct des grands
noms de chacun de ces genres musicaux, et l'on retrouve dans sa
musique et son comportement sur scène de nombreuses références
à ce qui a existé auparavant.
En réalité, le Minneapolis Sound se caractérise
au départ par un son très dépouillé
: n'ayant pas de grands moyens, et tenant tous les instruments
lui-même, Prince ne disposait pas de section de cuivre comme
le veulent les grands groupes funk de cette époque. Les
cuivres sont en fait remplacés par des sons aux claviers,
ce qui va introduire une forte connotation new-wave, puis rock,
dans la musique Soul / Funk du Prince du début des années
80.
Prince a toujours tenu à rester identifié à
Minneapolis, et a très fréquemment mis sa ville
en valeur dans ses films ou dans ses clips. C'est bien évidemment
le film "Purple Rain" qui a fait de cette ville un lieu
de pélerinage pour les fans.
Toutefois après l'explosion de "Purple Rain"
en 1984/85, Prince va se nourrir de l'influence du saxophoniste
Eric Leeds, alors récemment introduit dans son groupe.
Eric Leeds va considérablement changer l'orientation musicale
du Minneapolis Sound en y introduisant une bonne dose de jazz.
Le concept même de ce son original va donc s'estomper, mais
il persistera grace à l'aide des nombreux groupes dérivés
et anciens musiciens qui continueront d'exploiter cette marque
de fabrique jusque dans les années 90.
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Un contrôle total sur son art
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L'exigence n°1 de Prince lorsqu'il signa son premier contrat
avec Warner était d'être son propre producteur.
Cette condition fut très difficile à accepter
pour une maison de disque, d'autant que Prince avait seulement
19 ans. Seule Warner lui autorisera une relative autonomie musicale
qui s'est réglée sur un compromis: Prince acceptera
la présence d'un "producteur executif", Tommy
Vicari, mais au final celui-ci n'a pas réellement joué
son rôle puisque Prince ne tiendra aucun compte de ses
conseils. Dès le deuxième album, le producteur
exécutif aura disparu.
Quelques années plus tard, Prince commença à
produire différents groupes entièrement contrôlés
par lui - même si officiellement les crédits de
la pochette veulent nous faire croire le contraire. Il est ainsi
l'artisan quasi-unique des premiers albums de The Time et du
disque de Vanity 6, qui sortent en 1981/82. Les membres du groupe
The Time sont pourtant des musiciens confirmés qui excellent
sur scène! On retrouve dans ce groupe les futures stars
que sont Morris Day et Jesse Johnson, ainsi que les producteurs
Jimmy Jam et Terry Lewis qui deviendront des références
incontournables dans les années 90.
Prince écrit également pour des artistes extérieurs,
mais dans la plupart des cas il enregistre lui-même l'intégralité
de la chanson. Les artistes n'ont plus alors qu'à supprimer
la voix de Prince pour mettre la leur, en chantant bien sur
exactement comme Prince l'a souhaité. Il va même
parfois jusqu'à refaire complètement une chanson
envoyée par un artiste qui lui avait demandé d'ajouter
juste un solo de guitare par exemple (c'est ce qui est arrivé
à Kate Bush).
Il est ainsi pas très facile de travailler avec quelqu'un
qui décide de tout faire à sa façon...
Il faut pouvoir accepter les conditions très particulières
du travail avec Prince! L'une des histoires les plus célèbres
est celle de St Paul Peterson, pressenti pour devenir le chanteur
du groupe The Family en 1985. Lorsqu'on lui proposa le poste
de leader du groupe, il ne savait pas qu'en réalité
Prince avait déjà enregistré l'album à
l'avance... et qu'il n'avait plus qu'à s'exécuter
comme un robot.
En disposant ainsi de groupes et d'artistes reprenant le son
caractéristique de Minneapolis, Prince va développer
une véritable famille musicale (pour ne pas dire une
mafia). Beaucoup de groupes et d'artistes très divers
vont s'inspirer de lui, que ce soit sur le plan scénique,
sur les costumes de scène et le look, il aura ainsi marqué
d'une façon globale le paysage musical des années
80. En 1990 Prince reçu à ce titre The Award Of
Achievement, pour couronner l'ensemble de sa carrière.
Mais le revers de la médaille est la frustration perpétuelle
des musiciens de l'entourage de Prince. Non seulement celui-ci
maîtrise tout en studio, mais il impose également
des séances de répétitions perpétuelles.
En général le groupe répète beaucoup
plus de chansons que nécessaire pour chaque tournée.
Cette redite continue, ponctuée par les modifications
demandées par Prince après chaque séance,
permet également de trouver de nouvelles idées
de chansons et de construire des jams improvisés dont
on retrouvera des éléments lors des concerts publics.
En tous les cas, il semble bien compliqué de suivre
son rythme et nombreux sont les musiciens qui arrivent et partent
épuisés après seulement quelques mois ou
quelques années de travail. Seuls quelques uns ont pu
s'acquiter d'un dévouement total envers l'artiste qui
leur a permis de rester plus de 3 ou 4 ans dans le groupe.
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Créateur d'un univers original
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De par son immense talent, sa phénoménale productivité,
et l'élargissement de son emprise musicale par des groupes
entièrement contrôlés par lui, Prince a véritablement
créé un univers totalement original.
En dehors de la musique proprement dite, Prince a des idées
très arrétées sur le look, le son et le concept
spécifique à chaque album. Chaque disque fait l'objet
d'une ambiance spécifique : couleurs, design, pochette.
Cette ambiance se retrouve sur scène avec un look vestimentaire
en rapport, et même ses musiciens doivent se coiffer comme
lui, ou porter le même style de moustache! Ce qui a accentué
l'idée d'un Prince despote, tyrannique et hyper exigeant
avec ses musiciens.
Si aujourd'hui Prince est débarassé de l'esbrouffe
scénique qui l'a accompagné jusqu'au milieu des
années 90, les précédents concerts étaient
plutôt stressants pour les musiciens. Ceux ci ne doivent
pas le quitter des yeux, et répéter chacun de ses
mouvements. De nombreux collaborateurs ont raconté combien
il était difficile de répéter pendant des
heures, en chantant, dansant, et jouant de son instrument en même
temps, tout en suivant les mouvements de l'artiste sur scène.
Prince est aussi exigeant sur la technique : le son en concerts
a une grand importance. Il n'hésite pas à tester
des solutions alternatives : la scène centrale de la tournée
Lovesexy en 88, ou l'ingénieur du son placé sur
scène au milieu des musiciens... Il n'est pas rare que
Prince touche lui-même à la console pendant le concert,
si l'ingénieur ne fait pas ressortir le son souhaité...
Pratiquement tous les concerts et aftershows sont filmés.
Perfectionniste, le concert est à peine terminé
que Prince revisionne le show et réécoute la musique
afin de déterminer ce qui est à modifier le lendemain
!
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Businessman visionnaire
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A coté de ses incroyables compétences artistiques,
Prince fut dans les années 80 un artiste majeur en terme
de business. N'hésitant pas à prendre des positions
rebelles et des décisions surprenantes, parfois incomprises
de son entourage et de ses fans, il faut avouer qu'au final
il a souvent eu raison.
Sur le plan de la communication auprès des médias,
il fut un habile manipulateur en réussisant à
faire parler de lui pratiquement tout le temps, mais toujours
en entourant sa vie personnelle du plus grand secret. Cette
espèce d'aura mystique a fait de lui une star à
part entière. Par exemple, ses musiciens signaient un
contrat stipulant qu'ils ne devaient jamais parler de leur patron
à la presse. Mais c'est surtout le sexe et la provocation
qui ont fait parler de lui au début des années
80.
Au début de l'année 86, Prince décide
d'investir 10 millions de dollars dans la création d'un
studio ultra moderne à Minneapolis : c'est le Paisley
Park, inauguré le 11 septembre 1987. Rudy Pierpich, alors
gouverneur de l'état du Minnesota, proclame ce jour comme
le "Prince day". En effet, de nombreux studios fleurissent
à Minneapolis et attirent des artistes qui ne souhaitent
pas se perdre à New York ou Los Angeles. La ville étant
petite, il est plus facile de rencontrer un producteur ou un
manager. Du coup, la scène musicale de Minneapolis est
en pleine expansion.
Le Paisley Park lui même est une première étape
vers le chemin de l'émancipation pour Prince. Pour le
première fois, c'est l'artiste lui même qui se
crée son instrument de travail, et ce n'est plus la maison
de disques qui avance les fonds et fournit la logistique. Ainsi,
l'artiste peut se libérer des contraintes de la maison
de disques et enregistrer en toute liberté.
Au début des années 90, Prince fait définitivement
scission avec la Warner. En 1992 l'Artiste signa pourtant le
plus important contrat (à l'époque) de l'histoire
du disque, pour un total de 100 millions de dollars, incluant
la possibilité de sortir 10 albums sur 10 ans, la création
de deux nouveaux labels, et un poste de vice-président.
Malgré cela, Warner semble toujours restreindre la capacité
créatrice de Prince qui souhaite sortir toujours plus
d'albums sans se soucier de l'aspect commercial. Un différent
a lieu début 93 sur la sortie d'un mini-EP le jour de
son anniversaire. Si bien que le jour dit, soit le 7 juin 1993,
alors qu'il est agé de 35 ans, Prince annonce qu'il crée
un label indépendant: NPG Records, qu'il utilisera pour
diffuser toute la musique qu'il ne peut pas sortir avec Warner.
Il faudra toutefois attendre fin 1996 pour être totalement
affranchi de la Warner - et jusqu'à ce moment Prince
(alors sous le pseudonyme du Symbol) sera considéré
comme "esclave" et ne sortira qu'avec le mot "Slave"
marqué sur sa joue. Depuis lors, Prince est un artiste
indépendant qui passe des contrats temporaires avec des
sociétés de distribution.
"Et si Prince avait eu raison?"
Cette phrase reprise par quelques journalistes au début
des années 2000 montre bien qu'une fois encore Prince
a été un précurseur. De nombreux artistes
aujourd'hui décident de quitter le business des maisons
de disques et de monter leur propre compagnie, soit à
la suite de désaccords, soit volontairement. Parmis les
plus connus, Mariah Carey, Michael Jackson, ou George Michael
ont fait les frais du système des majors. Alors que Prince
passait pour un fou lorsqu'il quitta la Warner en 1993, on applaudi
aujourd'hui son courage et on le prend comme exemple pour les
nouveaux cas qui se présentent. L'arrivée de l'internet
grand public sur la fin des années 90 permet également
aux artistes de s'émanciper plus rapidement, tout en
conservant un contact aisé avec leurs fans.
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Réalisateur
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L'Artiste a réalisé la plupart de ses clips, qui
sont tournés aux studios Paisley Park pour la grande majorité
d'entre eux. Si la trame de ses clips est toujours relativement
simple, force est de constater qu'il a toujours d'excellentes
idées de mise en scène.
Il a également réalisé plusieurs films.
Le premier, "Under The Cherry Moon", (1986) a été
tourné en France et en noir et blanc. Viennent ensuite
un film concert, "Sign 'O' The Times", (1987) et la suite de
"Purple Rain" tournée en 1990 et appelée "Graffiti
Bridge". Le film "Purple Rain", (1984) lui, a été
réalisé par Albert Magnoli, qui a notamment réalisé
la vidéo de "Batdance" en 89. On ne peut pas dire que
l'Artiste soit un grand homme de cinéma, ses films ont
eu d'ailleurs très peu de succès, mais on y trouve
quelques idées intéressantes.
La maitrise de l'image est un autre point essentiel de la volonté
de Prince de vouloir contrôler son oeuvre dans son intégralité.
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Homme de spectacle
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Les concerts de l'Artiste ont toujours suscité l'admiration,
et ce dès les premiers shows officiels en 1979. S'il s'est
parfois fait jeter de scène, c'est plus par son attitude
hors normes et ses tenues excentriques que par la qualité
de sa musique.
Les choses deviennent cependant vraiment sérieuses avec
la tournée "Purple Rain" (novembre 84 - mars 85). Timide
et réservé dans la vie, l'Artiste iradie la scène
de son éclatante luminosité dès que le spectacle
commence. Les concerts qui suivent les albums "Parade", "Sign'O'
The Times" et "Lovesexy" sont incroyablement différents
et présentent une alchimie de ce qu'on peut trouver de
mieux en concert : la musique est complètement réarrangée,
tous les musiciens sont occupés à tout moment, il
n'y a que très peu de chorégraphie répétée,
tout se fait au naturel, au feeling.
L'improvisation est souvent de la partie, ce qui fait que chaque
concert est différent. L'Artiste, lui, est partout : un
moment guitar-héro, puis seul au piano, multipliant les
sauts, les pirouettes, les glissades, les pas de danse à
la James Brown, le grand-écart, jouant avec le public comme
un chat joue avec une souris...
Les références aux plus grands sont nombreuses
: Elvis Presley, Jimi Hendrix, Carlos Santana, George Clinton...
Son groupe est mené à la baguette et répond
aux moindres sollicitations de l'Artiste, qui communique par
mots codés ou gestes précis. Quant à la
mise en scène, elle peut être soit très
dénudée (le Nude Tour de 1990 où la tournée
Act II de 1993) soit très chargée (Sign 'O' The
Times en 87, ou Lovesexy en 88 avec sa scène centrale).
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Love Symbol
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A de nombreuses reprises, Prince a prouvé qu'il était
avant-gardiste et que sa propre idée du music business
était bien différente de celle du commun des artistes.
Cela a souvent conduit à des décisions surprenantes,
la plus célèbre étant bien entendu sa rupture
avec Warner en juin 1993 et le remplacement de son nom par un
symbole imprononçable !
Le principal problème de cette rupture fut le contrat
discographique signé fin 1992, Prince devant alors toujours
fournir des albums à la Warner. Il décida alors
de remplir ce contrat en puisant dans ses réserves de
morceaux inédits, une attitude qui n'a pas toujours été
comprise par les fans qui ne veulent pas se contenter d'albums
de chutes de studios.
Plus encore, du fait de l'exclusivité liée au
contrat, Prince n'avait pas la possibilité d'utiliser
son nom ou son image pour vendre des disques en dehors de la
Warner. C'est pourquoi le premier disque édité
sous NPG Records "Gold Nigga" est au nom des New Power
Generation, Prince n'étant pas crédité
sur la pochette même s'il a bien entendu activement participé
au disque.
Prince va donc utiliser d'autres stratagèmes : les clips
n'entrant pas sous le coup de ce contrat, il va réaliser
en 1994 et 1996 deux émissions destinées aux TV
et diffuser un bon nombre de clips vidéos de ses nouvelles
chansons. En 1994, Warner lui accorde presque en rigolant une
licence pour sortir en indépendant le single "The
Most Beautiful Girl In The World", qui sera au final un
énorme carton ! Si bien que Warner, vexée, refusera
la licence suivante pour le single "Love Sign" extrait
de la compilation "1-800-NEW-FUNK".
En 1995 un second album des New Power Generation est édité,
"Exodus", et Prince y figure sous le pseudonyme de
Tora Tora... plusieurs prestations de TV sont prévues
mais Prince apparait systématiquement avec le visage
masqué ! Il ne parle pas directement, mais souffle dans
l'oreille de sa danseuse Mayte les réponses aux questions
des journalistes!
Lorsqu'il déclara la guerre à la Warner en 1993,
ses projets étaient très ambitieux puisqu'il avait
ouvert trois magasins, les NPG Stores, basés à
Minneapolis, Londres et Tokyo, qui étaient destinés
à servir de point de chute pour les fans de chaque continent.
Il avait d'ailleurs racheté à l'époque
le fichier d'adresses du fanzine "Controversy" publié
en Angleterre. Son idée est de diffuser de la musique
directement du producteur (l'artiste) au consommateur (le fan)
sans aucun intermédiaire (la maison de disque, les agents,
les producteurs). Ce système lui permet également
de bénéficier de marges plus que confortables
sur les ventes de disques, ce qui lui autorise des revenus importants
sans vendre beaucoup de disques.
En 1996 c'est l'avènement de l'internet et Prince figure
parmi les premiers artistes à figurer sur le web. Il ouvre
entre autres un site de commerce électronique, "1-800-NEW-FUNK",
pour annoncer les futures sorties d'albums et permettre aux fans
de prendre commande en ligne !
Le contrat discographique avec Warner est renégocié
à différentes reprises, et après de nombreux
rebondissements, il est finalement clôturé le 12
novembre 1996, date de sortie du triple CD justement appelé
"Emancipation".
Pour distribuer cet album et les suivants, l'Artiste signe alors
de simples contrats de distribution avec les majors (EMI, BMG,
Arista...) : seuls la fabrication et le dispatching logistique
incombent à la maison de disques, qui bien entendu perçoit
un pourcentage sur les ventes. Prince livre les albums "clef en
main", la maison de disque n'a plus qu'à faire le reste
!
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Free the music
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L'industrie du disque actuelle fait que quand un artiste signe
avec une major, celle-ci devient propriétaire des bandes
master de l'oeuvre enregistrée. L'Artiste, lui, a toujours
considéré ses chansons comme lui appartenant.
D'où le différent avec Warner qui eut toujours
le dernier mot en matière de sortie d'album ou de single.
Le rythme annuel imposé par Prince à la Warner
durant les années 80 était déjà
commercialement risqué, car la maison de disque ne dispose
pas de suffisament de temps pour promouvoir les différents
singles. Les disques de Prince souffraient du phénomène
feu de paille : ventes très fortes les premiers jours,
puis dégringolade les semaines suivantes. C'est donc
un public de passionnés, qui vont se ruer dans les magasins
à chaque sortie de single.
La récupération des droits sur ses chansons est
le cheval de bataille de Prince durant les années 90.
A plusieurs reprises, des projets comme "The New Masterhits"
ont été annoncés... l'idée était
de ré-enregistrer la totalité de son ancien catalogue
!! Mais cet ambitieux projet a probablement été
abandonné au profit de nouvelle musique, sachant que
finalement Prince a retrouvé l'usage de son nom à
partir du 31 décembre 1999, le contrat avec Warner étant
définitivement cloturé à cette date.
Parallèlement, un contrat de gestion des droits d'édition
de son ancien catalogue est renégocié avec Universal
Music en 2001.
Aujourd'hui, définitivement affranchi de toute contrainte,
il peut abandonner ce symbole qui l'a guidé pendant sept
ans (1993-2000) et reprendre son nom de naissance... PRINCE
!
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